Théories sur le semis des grands iris barbus

Publié le par le jardin du grand murier

Plusieurs mois, presque années que je n'ai plus publié sur mon blog. Le temps m'est précieux, chose qui ne me paraissait pas évidente lorsque je menais une vie de célibataire endurci. Et puis que dire ? Quand on parle de l'iris on a l'impression d'en avoir fait mille fois le tour, de ne plus vraiment avoir grand chose à dire, la peur de lasser son lecteur m'a saisi, de ne plus être assez en phase avec ce qui se passe autour de moi dans ce milieu. Elle est bien loin l'époque ou je découvrais les nouveautés dans les quelques heures qui suivaient leur apparition sur le net, je pouvais ainsi facilement lancer un article dans la foulée, article qui pouvait intéresser le plus grand nombre. Naturellement j'ai lâché le blog pour toutes ces raisons mais aujourd'hui j'avais envie de vous faire partager quelques théories plus ou moins éprouvées, en tous cas issues de mon expérience passée et en cours sur le semis d'iris barbus pratiqué par tous les hybrideurs. 

Il y a quelques années je publiais déjà un article sur ce même blog qui traitait de ce sujet, je pensais à l'époque détenir l'intégralité des clefs du succès, pour moi réussir des semis avec un taux de germination de 50% était la panacée car je pensais naïvement qu'améliorer ce score relevait de la gageure en tous cas pour des semis que je qualifierais de "naturellement maîtrisé", naturel car je n'utilise pas d’élément matériel solide hormis des pots de 1,3 litre, donc le semis sous serre ne sera pas abordé, maîtrisé car justement le fait de récolter les graines et de les mettre en pot revient à maîtriser l'opération. Pour les néophytes je rappelle qu'il y a deux grandes façons générales de semer des iris barbus. La première consiste à semer les graines dès la récolte, tous justes mûres, c'est à dire en Juillet/Août selon les régions. La levée s'opère en principe assez rapidement et les rejetons sont tous justes assez costauds pour affronter l'hiver venant. Avantage de cette technique : gain de temps non négligeable, tout du moins si tout se passe correctement, la plantule devant être suffisamment costaude avant les premiers frimas, cette technique est avantageuse en climat doux mais risquée en zone plus montagneuse du fait que l'on récolte les graines plus tardivement, que les plantules mécaniquement seront plus faibles avant l'hiver et qu'au final la perte sera maximale. La deuxième technique que j'emploie est celle du semis d'automne, voire d'hiver. Récolte des graines toujours en Août/Septembre, séchage des graines et semis en Octobre en pot. Deux possibilités à ce moment là, pots mis sous serre pour contrôle de la germination et atténuation des frimas hivernaux ou pots laissés dehors, au vent, à la pluie et à la neige, bref un semis fait dans des conditions vraiment naturelles, c'est cette technique-ci que j'emploie depuis toujours avec plus ou moins de succès ( de plus en plus quand même !). 

Chez moi je souligne que les hivers sont normaux c'est à dire ni glaciaux ni doux. On peut parler d'une zone de moyenne montagne sur un versant exposé plein nord ou le vent peut souffler parfois jusqu'à 100 km/H. La montagne me cache le soleil très tôt dans l'après-midi.

Pendant de nombreuses années j'ai semé mes graines dans du terreau pur, du moins sur l'emballage car il s'avère que le terreau est tout sauf pur et mes résultats étaient laborieux, puis j'ai adopté la règle des trois tiers (1/3 terreau, 1/3, terre de jardin et 1/3 sable). Les résultats se sont améliorés assez significativement mais cela n'était pas encore suffisant. De par mon expérience je me rendais compte que même en hiver il nous faut tenir un substrat humide alors je couvrais mes semis de feuilles qui avaient le mérite de limiter l'évaporation qui même en hiver est réelle. Enfin des résultats très corrects qui m'ont suffit jusqu'à dernièrement. Je pense effectivement que ces résultats peuvent encore être sujet à progrès. Et peut-être que tout ce joue sur des détails. En voici pour moi qui sont à travailler :

1/ Utilisation d'un terreau haut de gamme. Comme chacun le sait on trouve de tout dans les terreaux mais surtout du mauvais. Je dois dans mon jardin passer quatre à cinq sacs de 70 litres par an. En 2015 j'ai fais l'amère expérience d'un terreau d'une grande enseigne de bricolage qui a été une vraie m.... Depuis j'ai fais le choix d'utiliser uniquement du terreau vendu par les horticulteurs avec des caractéristiques techniques bien différentes de ce qu'on trouve chez CASTO, BRICO, etc. 

2/ Le mélange 3/3 remplacé par un mélange 1/2. La terre de jardin n'est plus utilisée. Concrètement je ne pense pas que ça améliore très significativement le taux de germination mais cela n'apporte pas non plus grand chose. De plus la terre de jardin apportait des adventices que je ne retrouve pas dans le terreau et le sable.

3/ Semis pratiqué en Décembre/Janvier. Je suis convaincu que l'on sème les iris trop tôt.  Je m'explique. Les graines sont habituellement semées en Octobre, sur le papier ça colle. Seulement voilà Octobre est encore une période chaude tout comme Novembre peut l'être. Un risque majeur se dessine alors, c'est la germination qui s'opère en Novembre/Décembre, une germination que je qualifierais d'invisible étant donné que tout se passe en terre. La graine ayant commencé son processus de germination elle peut être détruite lors du premier coup de froid, d'autant que plus que notre mélange sera humide. Physiquement on ne voit rien mais le mal est fait, la graine pourrie. Le semis de Janvier que je pratique (graine semées hier) élimine ce risque et n’entraîne aucune incidence néfaste. Le période de froid étant encore suffisamment longue et de toute façon pas essentielle.

4/ La conservation des graines dans leur gousse. Je sais que ça peut paraître étonnant et risqué mais je pense qu'il faut conserver les graines dans leur gousse. Mais ATTENTION, pas n'importe comment, en éliminant le risque de moisissure. Chez moi les gousses sont conservées au garage à une température comprise entre 10 et 20°, taux d'humidité assez faible mais plus important que dans une maison ou un appartement. Avec cette technique Les graines se collent entre elles et sont semées ainsi. On sait que coller les graines améliore assez sensiblement le taux de germination. Elles le sont dans ce cadre de manière naturelle mais sans pour autant être atteintes de pathologies diverses dues à la moisissure. Il faut reconnaître toutefois  que maîtriser ce processus est compliqué, un garage n'est pas par définition une pièce ou l'on maîtrise l’hygrométrie et la température.

5/ Tenir son semis à l'ombre même en hiver pour une raison simple ; à aucun moment le substrat ne doit sécher même par -15°C. Mon erreur a longtemps été de croire qu'en hiver  on pouvait ranger son arrosoir et ses tuyaux d'arrosage et laisser faire la nature. Et bien non, il n'y a rien de pire que de laisser sécher nos iris en dormance. Alors si comme moi vous avez tendance à oublier le jardin en hiver mieux vaut placer vos futurs bébés à l'ombre ou le mélanger sécheras moins qu'au soleil.

6/ Enfin enterrer les graines à deux centimètres de profondeur. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'hiver les graines remontent naturellement. Combien de fois ai-je vus ces dernières au ras du sol en Mars. A ce moment là elles sont condamnées quoi qu'on y fasse. Enterrer ces graines même un peu plus profondément n'engendre qu'un seul problème, une levée plus tardive, en Avril mais a un gros avantage, un bien moins grand nombre de graines perdues.

L'ensemble de ces éléments n'en demeure pas moins exhaustif et je continuerais à essayer d'améliorer mon taux de germination au fil des ans. J'espère que cela vous aura au moins permis  de réfléchir avec moi à ce procédé et que vous pourrez vous aussi voir plus de bébés iris naître dans les années à venir.

Publié dans semis

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